vendredi 12 juillet 2013

suite d'Adieu Russie

II – Ils allèrent au bureau des réfugiés russes, Boussia leur avait donné l’adresse. Il y avait  un monde fou dans l’établissement, ils durent demander plusieurs fois leur chemin, enfin ils se trouvèrent devant le bon bureau. L’employé prit leurs coordonnées, il leur expliqua poliment :
-         Nous ne pouvons pas loger tout le monde, vous serez dans les baraquements en face, si vous trouvez du travail, prévenez-nous. Au bout d’un certain temps nous vous dirigerons vers un autre pays si vous ne trouvez pas.
-         Mais nous parlons essentiellement l’allemand dit Michel ;
-         Nous n’avons pas le choix !
Ils ressortirent et se dirigèrent avec les papiers vers les baraquements, on leur avait dit qu’ils auraient une pièce par famille mais un lit pour chaque enfant. Ils se regardèrent dépités ! La pièce n’était pas trop grande, on pouvait mettre un rideau de séparation. Ils pouvaient cuisiner dans une cuisine commune ou prendre les repas avec les autres pour un ticket à prix modéré. Ils décidèrent de faire selon leur choix, le premier soir ils allèrent à la cantine, ils voulaient voir s’ils ne trouvaient pas d’autres connaissances.
Ils reconnurent plusieurs familles, ne plus se retrouver seul les aida moralement, ils se retrouvaient à plusieurs et faisaient des projets, refaisaient également le monde ; ils se croyaient presque à Petersburg !
Eugénie avait suivi des cours d’infirmière en même temps que la tsarine, elle avait son diplôme et trouva du travail en premier, Michel n’avait pas trouvé de travail, ils habitaient toujours dans les baraquements. Ce fut à cette époque qu’ils entendirent parler d’Alexis, il cherchait sa famille depuis un certain temps. Des amis lui indiquèrent où il pouvait les retrouver.
Quand il frappa à la porte, Eugénie ouvrit et s’évanouit à sa vue. Elle avait eu un fils très beau et là elle retrouvait un fils défiguré, il avait tout juste vingt deux ans. Elle alla trouver le grand-oncle du tsar, Nicolas Romanov et lui expliqua dans quel état se trouvait Alexis. Il proposa de payer les opérations pour refaire un visage correct à son fils. Alexis accepta stoïquement treize opérations du nez, puis il s’écria :
-         Peu importe mon physique, je ne veux plus qu’on me touche !
Aucun argument ne le fléchit et il resta brûlé par le tank.
Alexis était officier, il se trouvait dans le tank quand il prit feu. Responsable, il sortit après les autres, il n’y eut qu’un vivant c’était lui, il se traîna durant deux jours dans la neige jusqu’au prochain campement. L’infirmière s’évanouit en le voyant tellement il était défiguré, le médecin le soigna de son mieux et le conseilla de se faire opérer. Alexis partit à pied à la recherche de ses parents. En Pologne il rencontra une jeune femme chez qui il vécut quelques mois, cela le réconforta, il était un homme même défiguré. Puis il passa chez les cousins Boussia et apprit que sa famille se trouvait en Allemagne. Il réussit à les rejoindre après des longues marches à pied. Il y avait bien eu des officiers soviétiques qui voulurent l’embaucher pour faire travailler leur armée, il se sauva un mois après, il voulait retrouver sa famille.
Alexis n’était pas un V… mais B… il descendait d’un Khan tatar Mengli Guereï. Son père donnait des cours de mathématiques au lycée Smolnoï, là où se trouvaient les jeunes filles nobles, il tomba amoureux d’Eugénie qui avait quinze ans. Les parents acceptèrent qu’elle se marie à seize ans et à dix-sept elle eut son fils.
A cinq ans son père Nicolas fit une légère déprime en faisant des recherches mathématiques, il alla dans une maison de repos. Un jour il prit une barque et se noya, il ne savait pas nager, sa femme se trouva veuve à vingt deux ans.
Elle se remaria neuf ans plus tard avec un homme ayant dix ans de moins qu’elle, la famille de Michel était généreuse et s’occupa d’Alexis pendant les deux ans que durèrent leur voyage de noce en Europe.
Après les premiers moments de joie pour les retrouvailles, la promiscuité se fit sentir. Eugénie alla au bureau d’aide pour essayer d’avoir une pièce supplémentaire, l’agent regarda le dossier et décréta :
-         Cela fait trop longtemps que vous êtes chez nous sans que votre époux travaille, nous allons vous envoyer en France ;
-         Mais nous parlons mieux en allemand !
-         Désolée madame, je n’ai pas le choix.
Eugénie avait beau être têtue elle n’obtint rien, ils avaient un mois pour quitter le pays pour la France.
Michel fut un peu déçu, Alexis et les garçons aussi, d’autres familles devaient partir pour la France prochainement, ils en connaissaient plusieurs.
Le temps passa vite, ils se retrouvèrent à la gare direction Paris. Eugénie dit à Michel :
-         Te souviens-tu de Maxim’s ?
-         N’y pense plus,  nous n’aurons plus les moyens d’y aller répondit-il en souriant !
Le voyage se passa bien, ils se retrouvèrent dans un baraquement provisoire, le temps qu’ils aient un travail, mais il ne fallait pas tarder.


III – Eugénie inscrivit les enfants à l’école, ils avaient quelques problèmes en français mais l’instituteur dit que ça devrait s’arranger rapidement. Alexis aurait bien aimé reprendre des études, il avait fait cadet uniquement à cause de la guerre mais il fallait élever ses petits frères et sa mère avait déjà vendu ses bijoux, il lui en restait très peu. L’argent filait plus vite que les rentrées ! Michel et Alexis travaillèrent un moment comme porteur à la gare du Nord, ils rougissaient de honte lorsqu’on leur donnait un pourboire.
Chacun d’eux chercha un travail plus intéressant, Michel réussit à trouver du travail dans une imprimerie, ce n’était pas trop fatigant et il pouvait ramener du papier chez lui. Alors Alexis décida d’apprendre le métier de chauffeur de taxi, ses amis l’y poussaient. Il est vrai qu’il serait indépendant, plus de patron, il s’accrocha ferme et réussit ses examens. Au début il travailla pour une société mais très vite il économisa pour son propre taxi et y réussit !
Ils s’installèrent dans un appartement plus spacieux ! Les garçons avaient une chambre pour eux et pouvaient étudier tranquillement, Alexis dormait dans la salle à manger et il restait une chambre pour Michel et Eugénie. Tous les jours ils recevaient des nouvelles par un journal russe « La pensée russe » Ils s’étaient abonnés, ainsi ils savaient ce qui se passaient en Russie. Malheureusement les bolcheviques tenaient le pays. Au début Eugénie pouvait correspondre avec sa sœur, elle était même venue la voir, d’autres amis aussi écrivaient, ils ne voulaient pas partir. Puis les lettres s’espacèrent et la censure empêcha la correspondance durant de nombreuses années.
Le gouvernement donnait le passeport Nansen, certains prirent le passeport soviétique, tout en désirant vivre en France. Il y eut même des divergences parmi les émigrés. Il y avait une forte communauté à Paris ainsi qu’à Nice, les Russes avaient leurs églises orthodoxes, au moins cinq à Paris, leurs magasins avec des produits russes, leurs restaurants, cabarets, il y avait aussi des maisons de retraite russes ainsi que des colonies et autres organisations comme celle des écrivains « Les moldorossi »

(suite)

11 commentaires:

  1. J'ai lu la suite de ton article et cela me rappelle mon enfance où mes parents me racontaient le courage des immigrés Russe qui étaient bien souvent des chauffeurs de taxi à Paris et quand j'habitais paris j'allais souvent dans un cabaret russe où j'étais toujours très bien accueilli Bonne journée chère Eléna. Gros bisous

    RépondreSupprimer
  2. Il y a comme ça des histoires qui valent la peine d'être partagées...merci Elena
    Bisous et bonne journée !
    fontaine

    RépondreSupprimer
  3. à demain donc pour la fin de ce récit passionnant;
    belle journée;

    RépondreSupprimer
  4. bonjour elena .. ta nouvelle est supperbement bien écrit, et on imagine aisément les tribulations de tes personnages ... pauvre Alexis !!! heureusement, le physique n'est pas tout, derrière il y a le coeur .... je t'avoue .. chez maxim's j'aurais bien voulu aussi y aller !! hihihihih
    bisous et bon vendredi

    RépondreSupprimer
  5. ballotés de pays en pays
    de langue en langue
    sans trop d'argent
    avec leurs rêves
    puis le temps qui passe
    et on s'habitue mm
    à la pluie de Normandie
    il faut le faire cependant
    et puis on oublie le pays
    sauf la nuit ds un sommeil éveillé
    po^vres gensses
    Certains de gôche içi diront
    bien fait, les colons dehors
    vous vous êtes bien rempli les pôches
    (sic)
    et la grand mère, encore digne ds son vieux
    manteau de zibeline, usé
    verse une larme
    et le prolétaire français
    se frotte les mains de plaisir
    "les riches paieront" !!!

    RépondreSupprimer
  6. ici je vais souvent acheter des produits chez une arménienne, elle a des produits russes très bon, elle a aussi tout quitter pour venir ici .... elle est partir en bus avec sa fille tout bébé ...puis faut apprendre la langue, les coutumes d'ici .... ont a beaucoup d'immigrés en Belgique et pas trop de tentions sauf parfois avec les musulmans du Maroc , il y a 180 nationalité qui vient a Bruxelles moi j'aime ce mélange ... mais c'est pas le cas de tous ....

    RépondreSupprimer
  7. j'essaye d'imaginer le courage et la volonté nécessaire pour continuer à vivre dans de telles conditions...l'amour de la vie reste le plus fort chez chaque individu...mais il faut une forte dose de volonté pour s'en sortir....j'aime ta manière de relater ces aventures vécues....bonne journée...bisesssssssssss
    pour hier je suis retourné voir plus rien dommage que je n'ai pas fais un copié collé...j'ai vu cela chez d'autres et chez moi aussi...c'est pénible...
    claude

    RépondreSupprimer
  8. ce récit me rappelle l'époque de l'indépendance de l'Algérie, le retour des rapatriés, à par que ces derniers n'étaient pas des étrangers, pas cette barrière de la langue
    bravo pour ce récit

    RépondreSupprimer
  9. c'est encourageant de savoir qu'ils n'étaient pas seuls dans ce cas
    c'est assez stressant comme situation
    douce soirée

    ti bo du soir et très bon weekend

    RépondreSupprimer
  10. tres interessant et bien ecrit c tres bien cousu" je me demande d ou viennent ts recherches ou alors c l histoire en partie de la russie en ts cas bravo bne soiree Lna et bizous

    RépondreSupprimer

  11. Bonne fete, enfin si tu fetes le 14 juillet? ici c'est le 21 , le roi abdique pour son fils se jour là .....
    bisous et bon dimanche

    RépondreSupprimer