vendredi 30 août 2013

LES DERNIERES VOIX TZIGANES


Joseph avaient dit « Les dernières voix tziganes » en parlant de Valia Dimitrievitch et Volodia Poliakof. Il allait souvent les écouter au cabaret et la nostalgie de son pays le prenait et en même temps il retrouvait ses racines avec eux et pouvait continuer à écrire en tant que français.
J’ai leur disque et j’avoue que ce sont les meilleurs chanteurs tziganes que j’ai pu entendre en France. J’ai entendu des tziganes du théâtre Romena à Moscou qui m’ont également émue mais c’est incomparable.
Voici le lien de leurs chants :

Elena 2013

jeudi 29 août 2013

LES INVITEES


Lors de mes voyages en Russie je m’étais fait des amis dont Olga à qui j’avais laissé mon adresse. En 1982 Olga m’écrivit qu’elle venait à Paris en voyage organisé et qu’elle me téléphonerait. En effet, je reçus son appel et je l’invitai chez nous, elle demanda à sa responsable qui accepta à condition qu’elle emmène une autre femme avec elle, sûrement pour la surveiller. Nous avons accepté de venir chercher les deux femmes pour la journée.
Olga nous présenta Natacha qui parlait en allemand alors qu’elle parlait anglais et comme mon mari ne parle pas russe ou juste quelques mots il parlait en allemand avec Natacha (sa 2e langue) et en anglais avec Olga alors que je parlais en russe. Le plus drôle c’était de voir la tête de Natacha qui n’appréciait pas du tout de ne pas comprendre et me demandait de traduire ce que disait mon mari à Olga ou vice-versa.
Nous les avons emmenées manger une glace à Evry, elles voulaient aller chez Tati mais comme il y a un monde fou nous avons préféré les emmener à l’agora et nous avons payé la moitié de leurs achats pour compenser la différence avec Tati. Elles avaient mangé avec nous puis nous les avons ramenées à l’hôtel où tout leur groupe se trouvait.
Après cela j’écrivis à Olga mais elle ne m’a plus jamais répondu et je pense qu’elle a eu des problèmes car elle accepta de parler en anglais avec mon époux et Natacha ne comprenait pas, pour la responsable c’était de la trahison et je ne la revis plus.

Elena 2013

mardi 27 août 2013

LA SCALA NE PARDONNE PAS


La Scala de Milan est l’opéra le plus important de l’Europe et ignorer ses règles c’est se fermer sa carrière.
Pavarotti avait déjà un certain âge quand il accepta de chanter Don Carlo de Verdi à la Scala, c’est un opéra qui dure 3 h 30 environ et il faut être en forme pour chanter si longtemps. A un moment donné il montra de la fatigue et le public le hua, alors il sortit sur un coup de colère mais au bout de 5 ou 10 minutes il revint humblement et reprit son chant à nouveau, le public apprécia et l’applaudit.
Par contre Roberto Alagna fut également hué dans le rôle de Radamès dans Aïda, ce n’est pas le meilleur opéra qu’il chante. il partit vexé et refusa de revenir, depuis il ne peut plus remettre les pieds à la Scala, aucun Directeur ne l’invitera.

Elena 2013

lundi 26 août 2013

COL D’IZOARD


J’étais monitrice, dans une colonie d’enfants d’acteurs, elle était située à Guillestre. J’avais la chance d’avoir un pavillon à part où je m’occupais des petits avec une aide-monitrice.
Vers la fin des vacances nous formions une bonne équipe et nous nous entendions très bien entre les monitrices (5) et la directrice.
Nous devions prendre le col d’Izoard en car et visiter en haut. Le problème était que le chauffeur du car n’était pas très sobre et les tournants pour monter étaient bien près du précipice. Les enfants ne s’en rendaient pas compte, la directrice s’occupaient d’eux pendant que nous les cinq monitrices nous chantions en inventant les paroles :
« Au fond du car (bis) au col d’Izoard (bis) il y avait cinq filles (bis) pas très tranquilles… » Ce couplet complétait les autres couplets qu’avaient chanté d’autres monitrices les années précédentes et la chanson était assez longue mais tenant parfaitement une logique.
En haut nous avons admiré le paysage mais nous avons vu le chauffeur continuer à boire un vin et chanceler un peu. Le retour pour nous fut silencieux, heureusement que la Directrice faisait chanter les enfants confiants. Quand nous sommes arrivés nous étions soulagées mais aucune de nous n’a dîné, nous étions trop chamboulées !

Elena 2013

vendredi 23 août 2013

WLADIMIR


Il est venu de Kharbin, ville chinoise puis devenue russe pour revenir aux chinois. Il a connu le tsarisme, le communisme à la russe, enfin celui des chinois et pour clore il a atterri en France où j'ai fait sa connaissance.
Né d'un père colonel il fut élevé à la dure, lui-même fit des études de physique et enseigna à l'université. Les bolcheviks lui demandèrent de devenir soviétique, il accepta, puis d'apprendre les maximes de Lénine aux élèves, il le fit. Entre deux il aimait chasser le tigre et autres animaux plus gros et plus dangereux qu'en France.
A la reprise de la ville par les chinois, il apprit le livre de Mao, pris la nationalité chinoise pour continuer à donner des cours, en chinois par contre, Wladimir connaissait parfaitement les deux langues. Pendant un certain temps les chinois le gardèrent ainsi que ses collègues puis leurs demandèrent de travailler ailleurs. Il apprit la mécanique et travailla dans un garage.
En 1960 les chinois sont venus plusieurs fois le voir pour lui faire comprendre courtoisement qu'il devait  partir soit en Russie, soit un  pays comme les USA, France ou deux autres , j'ai oublié lesquels.
Il avait des collègues qui étaient parties en Russie, ils arrivèrent à leur transmettre une lettre en disant qu'ils étaient obligés de travailler dans les kolkhozes et non dans l'enseignement comme promis. Alors les ressortissants devant partir choisirent les pays occidentaux, c'est ainsi que Wladimir atterrit en France, dans une maison de retraire russe avec 6 autres compagnons.
Il avait 66 ans, il se mit à travailler et étudier le français pour avoir son permis, la voiture, il en prit une à la casse et la réparait. Quand il sut qu'il n'aurait pas son permis, ne connaissant pas assez bien le français ; il se mit à bricoler les solex, ainsi il pouvait se déplacer, aller au cinéma, sortir du coin perdu où il habitait.
Il réussit à construire un téléobjectif, l'astronomie l'intéressait, d'autres objets coûteux à l'achat. En vrai gentleman, il ne regardait pas une femme enceinte, faisait le baisemain, je crois qu'il préférait la compagnie des hommes il se sentait  plus à l'aise.
Le premier jour de la chasse il était ahuri, racontant à tout le monde : "Imaginez-vous les Français envoient des perdrix dans les champs puis tirent dessus" là il éclatait de rire puis racontait ses chasses au tigre.
Wladimir n'était pas une personne domptable et la Directrice de la maison de retraite ne l'aimait pas beaucoup, qu'à cela ne tienne, il écrivit à ne autre maison de retraite russe. Il eut la réponse, on le prenait, une fois là-bas, il écrivit à ses amis qu'il s'y plaisait et les autres le suivirent. Il faut dire que l'autre maison de retraite avait une télévision, des jeux, une animation, une bibliothèque...
Wladimir avait une sœur, devenue religieuse, il n'avait pas eu beaucoup de contacts avec elle. Il avait été élevé par son père et sa sœur par sa mère, toutefois il avait l'adresse du couvent où elle avait trouvé refuge aux USA. Quand il sut qu'il allait devenir aveugle, il lui écrivit, la réponse fut "je n'ai aucune envie de correspondre avec toi". Il n'avait plus qu'à attendre la mort, voyant de moins en moins, restait la solitude, les amis sont là pour s'amuser non pour aider les malades.
Il mourut aveugle, n'ayant plus sa tête, sans amis, volé par le personnel.
Elena



jeudi 22 août 2013

Le taureau bleu


Il était une fois un taureau, il n’était pas comme ses frères, il était bleu. Il avait la chance d’être plus fort que les autres, ainsi pouvait-il se défendre contre tous ceux qui se moquaient de sa couleur !
Notre taureau était destiné à l’arène, les toréros hésitaient à le prendre, vu sa force ils avaient peur de ne pas le vaincre.
Manuel accepta le taureau bleu pour la prochaine course à Séville, il s’exerça longuement avec lui dans le pré.
Le grand jour arriva, le taureau bleu se trouva dans l’arène tout hébété ! Il reconnut Manuel, tout content il courut vers lui pour jouer comme dans le pré. Brusquement le taureau fut abasourdi, Manuel ne jouait plus il voulait le tuer en lui plantant des piques qui lui faisaient mal. Il hésita, voulut partir mais la porte était fermée, la foule hurlait, mais pas comme les jeunes dans le pré. Le taureau bleu vit rouge quand il sentit une nouvelle blessure, il se rue sur Manuel et le renversa puis il se coucha et attendit qu’il se calme. Manuel était blessé, d’autres toréadors ont voulu prendre la relève mais le taureau bleu ne voulait plus jouer, il restait assis. Cette attitude lui sauva la vie pour quelque temps, il n’était pas apte pour la corrida, on l’envoya comme reproducteur chez un fermier qui souhaitait un taureau bleu.

Elena 

mardi 20 août 2013

L’ART


Le poème se berce à la houle des rimes,
Se laisse dériver sur les hauts fonds marins,
Endormant les soucis, les regrets, les chagrins,
Pour ranimer le cœur qu’il sauve des abîmes.

L’Art peut faire oublier la tristesse et le deuil,
Etat d’âme enchanteur qui transcende la vie !
De la facilité, charmant fort notre envie,
Sévère et pour toujours, il évite l’écueil.

L’imagination fait des métamorphoses
Et nul n’a jamais su d’où lui vient un tel don :
Dans le sable il suffit d’enfoncer un bâton,
Si la Muse le veut, il y naîtra des roses !

Elena 2013

lundi 19 août 2013

VISSOTSKY


Il fut acteur et chanteur. Le gouvernement le laissa jouer des pièces et même au cinéma mais il y eut la censure pour ses chansons. Vladimir trouva cela injuste d’autant plus qu’il écrivit un album de chansons d’amour pour Marina Vlady et elles ne furent pas autorisées dans son pays, cela ne les empêcha pas de faire un album en commun. Les russes se réunissaient et écoutaient les disques venant de l’étranger car il était connu en dehors de la Russie.
Vladimir réussit enfin à avoir le visa pour la France car Marina devait travailler pour nourrir ses 3 enfants et ne pouvait vivre tout le temps en Russie, il est venu mais fut déçu. Il se sentait trop étranger malgré l’accueil chaleureux qu’il reçut et il fut heureux de retourner dans son pays où il n’était pas reconnu officiellement. Il se détruisit en buvant de trop.
Marina Vlady raconte que pendant son tournage « Fort comme la mort » le 23 juillet 1980 Vladimir lui téléphone :
-         J’ai arrêté de boire ! Veux-tu encore de moi ? J’ai un visa et un billet pour le 29.
-          Viens vite ! Tu sais bien que je t’attends.
-         Merci mon aimée.

Le 25 juillet le téléphone sonne et une voix inconnue dit en russe :
-         Vladimir est mort !
Et, c’est le silence. Il avait 42 ans.
Elle put aller à son enterrement puis reprit son film, ainsi va la vie !
Elena 2013


Je mets une chanson écrite pour Marina Vlady :

mardi 13 août 2013

PAUSE

Je fais une pause d'une semaine, mes enfants viennent avec petits-enfants et je n'aurai pas le temps d'ouvrir internet. A Bientôt !

lundi 12 août 2013

LE MIROIR


J’entrai dans mon miroir, je m’y retrouvais avec mon innocence de mes 10ans ; cela me permettait de faire le point sur une situation donnée avec un autre regard que celui d’une femme de 40 ans.
Je m’étais aperçue vers 25 ans qu’il suffisait de marcher vers le miroir et j’y entrai, à l’intérieur je réfléchissais avec mon âme d’enfant et parfois ça m’aidait car en sortant je me souvenais de tout.
C’est ainsi qu’après la demande en mariage d’Eric je pénétrai dans le miroir pour demander conseil, à vrai dire à dix ans j’étais indifférente aux garçons et j’ai eu beau réfléchir je n’avais aucune réponse. Il fallait pourtant que je lui dise si je l’aime ou pas et je n’en étais pas sûre.
Le miroir ne m’avait pas aidé mais je décidai de l’épouser, après tout le divorce existait et si on ne s’entendait plus je ferai comme une parisienne sur deux je divorcerai.
Je ressentais de la colère contre le miroir, j’avais trop compté sur lui et il n’était pas toujours fiable. Je le pris et le lançai de toutes mes forces contre le mur, il se brisa par endroits mais pas entièrement. J’essayai d’y entrer mais cette fois-ci je ne réussis pas, il se vengea de moi et me repoussa, je pleurai à l’extérieur du miroir mais rien n’y fit, je l’avais trahie et il me le rendait.

Elena 2013

vendredi 9 août 2013

ELSA TRIOLET


Je ne parlerai pas de ce qu’on peut trouver sur internet mais ce que j’ai appris durant ma vie.
Elle fut amoureuse de Maïakovski, celui-ci lui préféra sa sœur. Cela ne l’empêcha pas de venir régulièrement voir Elsa et même de réclamer des objets de luxe, il se permettait d’être capricieux avec elle, en même temps ils pouvaient parler littérature alors que sa femme Lili Brik était indifférente à ses poèmes.
Elle se marie avec André Triolet, le couple se sépare au bout d’un an et Elsa cherche sa voie. Quand elle rencontre Aragon ce fut le coup de foudre, ils se marièrent. Il ne lui fut pas fidèle et lors d’une interview télévisée elle dit à propos du poème « les yeux d’Elsa »
-         J’aurai préféré le vivre que de le lire
Aragon ne répondit rien à ce propos.
Pas très heureuse en amour, elle ne le fut pas non plus en tant qu’écrivain, Aragon était plus connu qu’elle et ses écrits passaient pour secondaires. Pourtant elle écrivit des œuvres parlant de la vie, du futur et elle se trompa peu quand elle écrivit « Roses à crédits » C’est tout-à-fait ce qui s’est passé avec les gens qui prennent à crédit et sont toujours dans le rouge. « Le cheval blanc » représente l’ensemble de son œuvre.  Elle était très réaliste et ses livres méritent d’être lus même de nos jours ainsi que ses nombreuses traductions du russe en français concernant de nombreux écrivains russes.

Elena 

jeudi 8 août 2013

VIENNE




Nous avons visité l’Allemagne et l’Autriche en camping-car et c’est Vienne que j’ai préféré.
Une ville ancienne, bien entretenue et propre, des avenues larges où on voit des calèches se promener comme dans l’ancien temps.
Le  château de Schönbrunn trône comme au temps de Sissi, on l’imagine sur son cheval en se promenant dans le parc. L’intérieur est immense et raconte une longue histoire. Sous Marie Thérèse Mozart était venu, il n’était qu’un enfant, il avait dit à Marie Antoinette (future reine) qu’il l’épouserait et elle accepta en riant. Tous ces souvenirs se voient sur les tableaux, l’atmosphère est celle où vécut François Joseph et on peut déjà imaginer la guerre qui se préparait.
Ensuite il faut aller boire un chocolat bien chaud avec des viennoiseries et la visite est presque complète. Il restera les musées pour la fois d’après !

Elena 2013

mercredi 7 août 2013

CANCANS


-         Vous croyez vraiment qu’elle est enceinte ? C’est y pas malheureux pour une jeunette de 17 ans.
-         Je ne sais pas mais son ventre a grossi, elle est peut être comme la vierge Marie !
-         Sauf que son Joseph, il n’est pas puceau et ils sont ensemble depuis plus de 6 mois ?
-         Jeannette, tu tombes bien,  La fille Moulin elle est bien enceinte ?
-         Faut lui demander. En tout cas le mariage aura lieu dans un mois !
-         Je vous disais bien qu’ils ont fauté, alors rendez-vous à la noce.
-         Il est l’heure d’aller à la confesse, à demain Mesdames.

Elena 

mardi 6 août 2013

JEU FUTURISTE


Depuis deux ans je vis sur l’île, si seulement je savais où elle se situe ? Je ne vois pas de bateaux, et les rares avions ne me voient pas.
Michel est parti, il m’a laissé seule. Il cherche comment revenir à la civilisation, je doute qu’il trouve le moyen de fuir cette maudite île, à moins de construire une barque… Mais avec quoi ? L’île est déserte même pas un arbre !
Je cherche des yeux les oiseaux, ils sont tous partis,  émigration du début de l’hiver. Les quelques baies existantes ne donnent plus de fruits, heureusement qu’il reste la pêche, pas facile de ramener des poissons à la main, la mer devient froide, il faut avoir très faim pour s’y mettre encore. Ensuite  il faut vite s’habiller, nous n’avons pas de chauffage.
Il serait plus simple d’énumérer ce qu’il nous reste : quelques citernes d’eau, un paquet de sucre, un petit pot de nescafé et notre cabane, nous ne l’avons pas détruit pour chauffer, elle nous protégera plus longtemps qu’un feu de bois.
Nous n’avons aucun meuble, si un lit en fer, aucun moyen de communiquer avec les autres… Pourquoi suis-je ici ?

Je me revois, avant notre départ, Michel m’avait poussé à accepter ce jeu, il disait
-         tu verras nous vivons en couple depuis 4 ans, aucun nuage entre nous, il est normal qu’on gagne. Il suffira d’être patients. Comme il se trompait, je l’ai cru, je l’ai suivi.
La chaîne 9A (Radio planétaire, dépendante de la télé) proposait un jeu, il suffisait de partir sur une île inconnue, nous ne devions pas connaître la destination, et là nous devions y rester 3 ou 4 mois maximum, le dernier gagnant était resté 4 mois et 10 jours . Les organisateurs nous laissaient une cabane, quelques provisions,  pour un mois environ, de l’eau en assez grande quantité , ensuite à nous de nous débrouiller. Ce jeu était destiné aux couples mariés ou pas, le couple le plus résistant gagnait une somme rocambolesque, elle nous permettrait d’avoir notre maison, faire un voyage et vivre un an sans travailler.
Nous sommes partis une vingtaine de couples, chacun de nous étaient dispatchés sur des îles différentes. La règle nous interdisait aucun objet pour se repérer. Nous avions avec nous un sac contenant des vêtements, le nécessaire de toilette sauf ciseaux ou rasoir (pas d’objets coupants), nous n’avions pas de montres, bref juste quelques livres.  Il était impossible de savoir où nous allions, chaque couple était dans une cabine séparée, impossible de se parler, il faisait nuit, des volets fermaient les hublots, les verrous empêchaient l’ouverture.
Michel avait compté dix jours de traversée et moi neuf, première petite divergence.

Quand le bateau s’arrêta pour la quinzième fois, une personne entra et nous fit descendre. Nous nous sommes retrouvés sur un île grande de quelques kilomètres à vue d’œil. La personne nous montra le cabanon, sans un  mot elle repartit sur le bateau, j’essayai de poser quelques questions en vain.  Michel me tira gentiment en me montrant la vue splendide sur les fleurs sauvages, les baies, les rochers. Il s’en dégageait un côté sauvage et pittoresque. Nous étions frappés, il n’y avait pas d’arbres, juste des buissons, cela donnait du charme à notre île. Dans le cabanon nous trouvions de quoi manger pour un mois et plus d’après nos estimations, une boîte d’allumettes, ensuite il fallait apprendre à faire du feu ... L’eau ne manquait pas et cela nous a tout de suite rassuré – Nous pourrons vivre d’amour et d’eau fraîche dit Michel.
Dans un coin il y avait un lit en fer et à côté une boîte bizarre, je la tournai dans tous les sens –Lâche-là me lança Michel en colère, je la laissai tomber – C’est un désastre cria Michel affolé. Je le regardai sans comprendre ?
- C’est la boîte qui nous permettait de les rappeler pour revenir, comment fera-t-on maintenant dit-il – Il y a bien un autre moyen pour les joindre demandais-je ?- Non, justement pas, il réfléchit– Ils nous ont parlé de cette boîte, ils avaient dit qu’ensuite le seul moyen de revenir serait d’être très malade, ils avaient un appareil qui permettait de savoir à distance si l’un de nous devenait très malade. Je me tais le cœur gros. Par ma faute notre arrivée a très mal débuté.

Une fois installé, tâche très simple avec un grand sac en toile, nous faisons le tour du propriétaire. Je remarque qu’il y a surtout des pierres et quelques vipères, le manque d’arbres m’inquiète un peu, je n’en parle pas à Michel,  j’avais déjà fait assez de bêtises. Les fleurs étaient vraiment splendides, je regrettai l’interdiction de prendre sa caméra ni appareil photo.  Les framboisiers étaient les bienvenus, au moins nous ne risquions pas le scorbut, d’autres baies se trouvaient sur l’île.
-Viens nager me cria Michel en se déshabillant. Je courus dans l’eau et nageait avec un  immense plaisir – Regarde les poissons Michel, tu pourras pêcher dis-je en riant.
Après notre bain, nous avions fait l’amour, nous recommencions notre lune de miel.
Le lendemain, nous avons commencé à nous exercer à faire du feu avec deux pierres, au bout de deux jours Michel avait réussi à faire des étincelles, le manque d’arbres nous empêchait d’avoir des branches, nous pouvions juste allumer les quelques buissons séchés au soleil puis gardés dans le cabanon comme provision.
Le manque de bois fut notre premier gros souci, d’autres suivirent…

Les pluies commencèrent, nous n’avions rien pour chauffer, il ne faisait pas froid, se promener toujours mouillés nous rendait de moins bonne humeur. Michel s’exerça à la pêche, nous n’avions ni fil ni appât, il fallait attraper les poissons à la main, cela demandait une très forte adresse de sa part. Pendant ce temps, je cueillais les fruits, les plantes et herbes qui nous servaient de salade, nous les mastiquions longuement. L’idée venait de Michel, comme nous n’avions aucun moyen de partir sauf si on décelait une maladie conséquente par ordinateur, il fallait tester les herbes, en s’empoisonnant on tomberait malade et les secours viendraient nous chercher.
C’est ainsi que Michel s’intoxiqua deux fois avec certaines plantes, il resta malade un temps assez long, je ne le quittai pas, il vomissait, je pense qu’il avait une forte température puis il se remit de lui-même. A partir de ce jour notre inquiétude augmenta. Fallait-il mourir pour qu’on vienne nous chercher ?

Nous comptions, les jours, mois puis années avec les pierres, il n’en manquait pas sur l’île de la mort, comme nous l’avions appelé au bout de quelques mois. Pendant les essais de Michel avec les plantes toxiques, ne sachant pas pêcher, j’appris à taper sur les serpents pour les tuer , cuire et les manger. Je me munissais de pierres et je les lançais sur le serpent, ensuite j’en prenais une plus grosse et je l’achevais. Nous avions de la viande pour quelques jours, c’était mieux que rien. Michel avait ramené des rats ou autres bêtes du même genre. Les ennuis commencèrent vraiment au début de l’hiver, les fruits ne poussaient plus, les plantes mangeables non plus ; il nous restait la pêche, la chasse aux rats ou vipères.
Nous avions commencé à nous tourmenter sérieusement sur notre avenir, les disputes aussi faisaient partie de notre quotidien :
-         Comment veux-tu construire un bateau sans bois disait Michel – Faisons un feu ripostais-je, on nous verra d’un avion – Gourde, Robinson Crusoé c’est un roman pas la réalité rétorquait Michel. Je me retenais pour ne pas pleurer, je ne voyais pas comment on allait s’en sortir.

Nous avons tenu deux ans, j’ignore combien je pèse mais sûrement 1/3 de moins qu’en venant, idem pour mon compagnon. Que pouvait-il faire ? Il y a dix jours notre dispute fut plus forte que les autres et il partit en disant – Je m’enfuirai, tu verras, peut-être sans toi… Puis je n’ai plus eu de nouvelles, j’ai fait toute l’île dans tous les sens en l’appelant sans résultats. Déjà  deux ans et 10 jours,  il y a de quoi être inquiète , seule c’est  devenu intenable. La fatigue, le froid et la faim m’empêchent de réfléchir clairement.
J’entend un avion, le premier depuis des mois, je regarde stupéfaite, il s’approche et va se poser sur l’île. Avec mes dernières forces je cours vers lui. Une équipe de secours descend en me demandant – Où se trouve le malade ? Ahurie je ne répond pas, un déclic et je crie – Michel, c’est sûrement lui, je ne l’ai pas trouvé, j’ignore où il est.
L’équipe part d’un pas vif et je la suis avec mes dernières forces. Nous le trouvons entre deux pierres évanoui.
Une heure plus tard nous montons dans l’avion, Michel avait repris des couleurs, il me sourit – Je l’ai fait exprès, tu sais les plantes qui m’ont rendu malade, j’en ai repris et tu vois ça marche chuchote-t-il. Fatigué il s’endort appuyé contre moi.

En avion le trajet me paraît assez court, personne ne nous  dit où était située l’île d’où nous venons. Ils acceptent uniquement de nous nourrir , donner à boire, surveiller le pouls de Michel.
Au retour, nous nous sommes retrouvés dans la même salle qu’au départ, la direction de la chaîne nous félicita, donna le chèque, et nous renvoya chez nous après des vagues félicitations. Une personne héla un taxi pour nous, et maintenant il fallait qu’on se débrouille. Michel est trop fatigué et je le laisse se remettre, je réfléchis à ce qui vient de se passer – Pourquoi ils n’ont rien répondu, ignorant mes questions ? Ils ne voulaient pas notre mort me demandais-je un peu effrayée.
Premier but, nous soigner, après comprendre ce qui s’est passé.

Le médecin vient de partir, je commence à me sentir un peu mieux, Michel revient aussi à la surface, il peut parler plus longtemps. Il m’explique qu’il a fait exprès de se fâcher pour pouvoir exécuter son plan, il savait que je ne le laisserai pas faire.
Maintenant que fait-on ? Pense-t-il tout haut – Je crois qu’il faut revoir les organisateurs du jeu , ils doivent savoir pourquoi personne ne s’est inquiété de nous durant si longtemps dis-je- Mes parents font le tour du monde, ils n’ont pas pensé qu’on risquait quoi que ce soit et les tiens … Je me tus, ils étaient fâchés depuis plus de trois ans. Oui… fit Michel il faut essayer d’éclaircir les choses, trop de ténèbres dans cette affaire.

La chaîne 9A n’était pas au courant de notre départ depuis 2ans, la robotique s’occupe de tout, dès qu’un couple veut revenir il suffit d’appuyer sur le bouton de la boîte et nous sommes prévenus, vous avez cassé la boîte, il était impossible de venir vous chercher dit la responsable – Pas possible que personne ne se soit aperçu de notre longue absence ? rétorque Michel – Vous êtes des milliers à suivre différents jeux, nous ne pouvons pas surveiller chacun de vous, l’ordinateur s’occupe de tout, nous ne sommes que cinq personnes pour tout organiser finit par dire la responsable, comment voulez-vous qu’on voit tout ? J’explose – Alors, on ne fait pas de jeux aussi dangereux si on ne peut pas assumer les imprévus criais-je ! Elle hausse les épaules et quitta la salle.
Michel me prend  le bras et m’emmène à la maison, il téléphone à son avocat, un ami d’enfance, celui-ci lui répond qu’il ne gagnerait pas le procès contre la production, il le lui déconseille fort d’autant plus qu’on a touché une belle somme en tant que gagnants.
Tu te souviens nos parents disaient, dans les années 2008 "ces jeux dans les îles finiront mal", nous ne les avons pas cru fit Michel – Tu as raison, les miens prédisaient qu’il y aurait obligatoirement des accidents sans la surveillance de l’homme sur la robotique, dire que nous avons perdu deux ans et personne ne nous les rendra même pas l’argent qu’ils nous ont donné, ces deux ans de notre jeunesse pourrons-nous les retrouver dis-je en soupirant ?
Michel haussa les épaules et m’embrassa tendrement, il n’avait pas la réponse. Il fallait réapprendre à vivre dans un monde déshumanisé.
Elena


lundi 5 août 2013

VACANCES A SION



Pour nos premières vacances, en dehors de la famille, nous sommes allés à Sion en Vendée. Nous n’avions pas de voiture mais une fille de trois ans, nous avions pris le train puis le taxi jusqu’au camping, là il fallait monter une tente assez grande, nous n’avons pas pu nous exercer beaucoup et ce fut vraiment un travail titanesque, il pleuvait et un voisin vint nous proposer de garder notre fille.
Inutile de dire qu’on ne prend pas de table ni de chaises par le train, nous avons mis des cageots, offerts par des commerçants.
Nous dormions sur des matelas pneumatiques, tout aurait été parfait si je n’avais pas oublié de prendre un pull pour mon époux, ce fut une dépense lourde pour notre budget.
Les voisins avaient une fille de 3 ans et les petites jouaient ensemble, un jour notre fille tomba malade, le docteur vint jusqu’au camping mais pour les médicaments il fallait aller assez loin et nos voisins nous emmenèrent en voiture.
C’est ainsi que nous sommes devenus amis, il y avait aussi un autre couple qui s’unit à notre groupe.
Nous formions une équipe très gaie, il y avait cinq enfants, trois garçons et deux filles du même âge. Maurice et Liliane qui étaient les parents de Brigitte et nous avaient aidés. Et, Georges et Evelyne qui avaient les garçons, ils avaient travaillé un peu dans un cirque et faisaient des arabesques sur le sable ce qui faisait un attroupement autour de nous.
Nous nagions ensemble, nous jouions sur la plage au ballon, marchions  le long de la berge, nous aimions aller voir le trou d’enfer. L’eau de l’océan faisait d’énormes vagues par un trou formé par les rochers.
Le soir nous aimions nous promener dans la ville, il y avait les manèges pour les enfants, c’était un tour sauf s’ils attrapaient la queue d’une peluche ; ma fille était très forte à ce jeu. Nous aimions faire une partie de baby-foot, boire un café, discuter ensemble.
Il y a eu le cirque à Sion et un de nos amis connaissait le groupe, nous sommes allés à la représentation, ensuite nous les avons invités dans notre tente qui était la plus grande et nous avons fait une soirée crêpes à douze dans la tente, elle était ouverte quand même !
Il y a eu un peu de plaintes de la part d’autres voisins mais cela ne se reproduisit plus.
Vers la fin nous restions silencieux sur la plage en faisant des projets pour les vacances de l’an prochain, nous voulions tellement nous retrouver.
Nous nous sommes revus un jour avec Maurice et sa femme  ainsi qu’avec Georges et  Evelyne, ce n’était plus pareil, et rien ne remplaça nos premières vacances ensemble !

Elena 2013

vendredi 2 août 2013

CAPITAINE IMAGINAIRE



Ohé ! Dites-moi, Capitaine,
Votre bateau peut-il voguer
Jusqu’à cette mer incertaine
Où le bonheur doit naviguer.

Suivrons-nous la baleine blanche ?
Et les dauphins aux fameux bonds
Sur les flots couleur de pervenche
Où les cormorans font des ronds.

Entendrons-nous une sirène,
Et saurons-nous lui résister ?
Vous serez corsaire, et moi reine…
En rêve l’on peut tout tenter !

Et quand la Muse écrit sa rime
Sur la voile de papier blanc,
Même sans croisière sublime
Le Maître à bord a du talent.

Elena 2013

jeudi 1 août 2013

BÊTISE


Nous étions dans un camp sur la plage, les moniteurs mettaient le filet pour nous montrer les limites pour nager. Je savais nager et j’avais 10 ans, ma copine ne savait pas nager, je lui proposai :
-         Monte sur mon dos et je nagerai, tu feras des mouvements en même temps !
Elle accepte et je marchais au bord, lui faisant croire que je nageais, elle était assez naïve pour le croire et j’avoue que cela m’amusait. Je n’avais pas prévu qu’il arrive en mer qu’on n’ait plus pied sans s ‘éloigner de beaucoup et là que fait-on avec une fille sur le dos ? Les autres je l’ignore mais moi je coulais, je disais à ma copine de me lâcher et je la tirerai mais elle était paniquée. Heureusement qu’elle eut l’idée de hurler, sinon je n’avais plus la force de tenir sous l’eau, un moniteur accourut et nous sauva de la noyade.
Après cela je fus punie, comme il se doit mais fait bizarre ma copine ne voulait plus monter sur mon dos à la mer, je crois qu’elle m’en a voulu un bon moment !

Elena